Julie-Rose Jacques a grandi à Laverlochère, porte d’entrée de l’Est témiscamien. Provenant d’une famille où la chanson teinte le quotidien, elle bénéficie dès son enfance de ce terreau musical. C’est dans le cadre de Secondaire en spectacle, alors qu’elle étudie au Carrefour de Latulipe puis à l’école Marcel-Raymond de Lorrainville, que Julie-Rose teste la scène pour la première fois. Pendant cinq ans, elle y participe chaque année et comprend le plaisir et le goût qu’elle a de chanter devant public.

À quinze ans, elle décide de se consacrer encore plus sérieusement au chant en s’inscrivant aux Jeunes concerts du Témiscamingue. Sa professeure Julie Gagnon l’amène à essayer de nouvelles techniques vocales du chant classique, différentes de celles du chant populaire. C’est alors que Julie-Rose découvre une facette de sa voix qu’elle ne connaissait pas. L’élève et la prof décident de peaufiner son art, si bien qu’en cinquième secondaire, après plusieurs mois intensifs de théorie musicale, Julie-Rose débarque en ville pour des auditions. Elle est admise au Cégep de Saint-Laurent en musique, option chant classique. « En développant ma voix de chanteuse classique, ça m’a incitée à pousser ça professionnellement. Puis, mes parents étaient derrière moi, ils m’ont toujours encouragée à suivre mon cœur », se rappelle la jeune artiste.

Julie-Rose commence son parcours collégial en ayant profondément conscience de la chance qu’elle a de faire partie de ce programme et l’envie certaine de se démarquer. Elle est là pour développer sa voix, montrer son talent dans cette école réputée et faire de la musique à temps plein. Déjà, à la fin de sa première session, elle constate l’évolution. En tant que soprano colorature, elle accède aux plus hauts registres de soprano. Dès sa première année, elle décroche un rôle dans l’opéra de fin d’études. Lors de sa deuxième année, pour l’opéra final de sa cohorte, The Consul (Menotti), Julie-Rose se voit confier le rôle de Magda, l’héroïne principale. C’est une année intense, où il faut apprendre de longues partitions, travailler le jeu, la mise en scène, puis aller chercher toutes ces émotions au plus profond de soi. L’opéra a été présenté en mai dernier à Montréal, puis à Paris, dans le cadre d’un échange étudiant. « À un certain moment, j’avais tellement exploré une gamme d’émotions que c’était comme si je ne savais plus comment faire justement mon personnage. Ma prof m’a dit, “Écoute, Julie-Rose, on est rendu à la fin, aux petits détails. Arrête de trop penser, sors la fille de bois en toi!” Ses paroles m’ont poussée vers un certain lâcher-prise qui m’a permis de rendre mon personnage comme jamais auparavant. À la fin de ma prestation, je me suis mise à pleurer. Je savais que j’avais réussi à le rendre comme il le fallait. Je me suis retournée vers ma professeure, elle pleurait aussi, raconte la jeune femme. Toute cette aventure m’a démontré que pour la petite fille du Témis, tout ça était accessible. C’est le message que je voudrais dire aux jeunes de l’Abitibi-Témiscamingue! »

Julie-Rose Jacques termine actuellement son cégep tout en suivant des cours particuliers avec la soprano Myriam Leblanc que l’on peut entendre à l’Opéra de Montréal et dans l’Orchestre symphonique de Montréal. Elle y travaille notamment le solfège dans le but de préparer ses auditions pour l’université en février prochain. Alors qu’elle pensait au départ se diriger en enseignement de la musique, ses professeures l’ont plutôt convaincue de poursuivre en chant classique, car elles considèrent que la chanteuse est dotée d’un talent rare. En septembre dernier, le public témiscamien a pu l’entendre lors du spectacle-bénéfice pour la société Alzheimer au Théâtre du Rift. Elle y a présenté un extrait de son opéra, en plus de quelques chansons de Renée Claude qu’elle a interprétées avec sa mère, Christine Nadeau. À 19 ans, Julie-Rose Jacques est assurément une artiste de la relève que l’on doit suivre et dont nous pouvons nous faire une fierté régionale!


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