La neige poudroie fortement en ce 17 mars. Je l’admire tourbillonner, tomber des arbres et, par moments, cacher le paysage. Comme beaucoup d’entre nous, je suis reclus. J’observe donc les flocons de ma fenêtre. De la même manière, nous regardons le monde, l’humanité, au travers de nos écrans. Heureusement, d’ici, la vie est en trois dimensions comme elle mérite de l’être…

Cette neige me fait penser à la tempête de mars 1947. Je n’y étais pas, mais je sais qu’elle a submergé la région. Des photos d’époque montrent des trains ensevelis entourés d’ouvriers déblayant la voie ferrée. Une autre histoire me vient à l’esprit, ma grand-mère me l’a racontée. En mai 1963, une tornade a sévi au nord de La Sarre. Elle a soulevé des granges et tué des animaux de ferme. Dès le lendemain, la communauté se serrait les coudes en se mettant à l’ouvrage pour secourir les familles affectées et remettre les bâtiments sur pied. Plus près de nous, ou si loin déjà, on se rappelle le déluge du Saguenay en 1996 et le verglas à l’hiver 1998, sans parler des crises économiques. Dans tous ces moments, les citoyennes et les citoyens se sont aidés comme il se doit. Comme maintenant!

Notre époque nous fait aller à toute vitesse. Or, nous voici brutalement ralentis, détournés des priorités habituelles, obligés de réfléchir, de prévoir le pire et surtout, de penser aux plus mal pris.

Au milieu de cette tempête, je suis frappé par l’immense besoin que nous avons d’être ensemble, de nous toucher, de nous voir, de nous parler, qui que nous soyons. Le besoin d’être humain et d’aider nos semblables réapparaît dans les pires moments. Ainsi, cet État que l’on s’est évertué à casser à coup de privatisations et de baisses d’impôts depuis trente ans joue son rôle : un outil collectif capable de prendre soin de nous. Les membres du personnel des services de santé, malmenés par les coupes budgétaires, la réforme Barrette, les shifts doubles et les petits salaires deviennent nos « anges gardiens ». Ils l’ont toujours été, mais là, c’est reconnu par les dirigeants. Il était temps…

Autre surprise, on fait confiance à la science alors que les États hésitent toujours à prendre les mesures nécessaires pour l’indispensable virage environnemental. Et nous pouvons, avec la crise virale, saisir comment les bouleversements climatiques annoncés menaceront nos existences. Il vaut mieux, faut-il le répéter, s’organiser pour éviter le pire. Il est grand temps.

Parce qu’on peut, si on se regroupe, modifier nos habitudes, changer nos façons de faire et nous arrêter pour bien saisir à quel point notre monde de consommation et de plaisirs superficiels ne repose sur rien d’autre qu’une obéissance aveugle à la loi du marché. L’essentiel est ailleurs que dans le profit.

Nous comprenons, maintenant, à quel point nous sommes fragiles, mais aussi qu’il est possible de vivre autrement.


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