Le sirop d’érable est un délice printanier connu des allochtones depuis l’époque de Jacques Cartier, qui entend alors parler d’un suc délicat et de bon goût. Ce n’est que 100 ans plus tard qu’on le compare au sucre de la canne à sucre des Caraïbes.

Chez les Anicinabek, il y a fort longtemps, le sucre était disponible directement dans les érables. Cependant, le Créateur trouvait la récolte trop facile, alors il a versé de l’eau à la cime des branches pour diluer le tout. Les Anicinabek ont donc trouvé des solutions pour continuer de le récolter chaque printemps à partir de la lune du sucre.

À l’époque, les Anicinabek récoltaient l’eau dans des paniers d’écorce de bouleau. Pour augmenter la concentration de sucre dans l’eau d’érable, on laissait geler un peu l’eau pour enlever par la suite la glace formée par les cristaux d’eau. Les gens ayant déjà visité une érablière moderne connaissent le processus d’osmose inversée qui permet le même processus.

Après l’étape de la concentration du sucre vient celle de l’évaporation. Au tout début, on déposait des pierres chaudes dans les paniers d’écorce afin de faire bouillir l’eau jusqu’à ce qu’elle devienne du sirop. Avec le temps, le troc a permis d’acquérir des chaudrons chauffés au feu de bois. Puis, avec l’arrivée des nouvelles technologies, la fabrication du sirop d’érable a pris un nouveau tournant.

Le sirop d’érable contient 66 % de sucre, mais si l’ébullition continue, on obtient de la tire (83 à 86 % de sucre), puis du beurre (87 %) et enfin, du sucre d’érable (88 % et plus). De nos jours, plusieurs recettes utilisent ces ingrédients.

Le sirop d’érable est un pur délice, qui fait le bonheur des enfants et des plus vieux. Aujourd’hui, on l’exporte, on l’utilise en cuisine et l’industrie acéricole ne cesse de développer le produit.

Depuis longtemps, les Anicinabek connaissent les propriétés de l’érable à sucre. En fait, on recommandait de mettre du sirop d’érable sur les lèvres des enfants pour les aider à se calmer s’ils étaient en colère avant un boire. Aussi, pendant que les enfants faisaient leurs dents, on recommandait de frotter le sirop directement sur les gencives. Aujourd’hui, les communautés anicinabek de Kitcisakik et de Kitigan Zibi produisent encore du sirop d’érable. D’autres communautés songent également à se doter d’une érablière.

Les propriétés du sirop d’érable sont encore à l’étude. En 2011, une équipe de chercheurs a fait la découverte d’une nouvelle molécule appelée québécol. En 2015, des chercheurs québécois ont démontré les propriétés anti-inflammatoires du produit et de quelques-uns de ses dérivés. Concrètement, des applications dans les domaines de la médecine dentaire et des douleurs chroniques sont à l’étude. Les Anicinabek, par leur lien étroit avec l’environnement, connaissaient déjà les propriétés extraordinaires des arbres qui les entouraient!

Et vous, ce printemps, allez-vous vous sucrer le bec?