Site touristique aménagé dans un milieu naturel où se mêlent présence autochtone et enseignements, Kinawit ne fait ni dans la reproduction, ni dans le théâtre, ni dans les costumes. L’endroit se veut un lieu où la visite d’un autre devient rapidement la rencontre d’un « nous ». Kinawit : nous, une immersion authentique dans la vie anicinabe.

« Il arrive que des autochtones sortent des réserves pour venir vivre en ville. Parfois, c’est difficile de s’intégrer, de sortir de leurs villages, surtout lorsqu’ils vivaient avant dans la forêt… Aller vivre en ville crée un stress et un choc culturel : Kinawit aide ces gens à faire passer ce stress », explique Branden Nodin Ratt, guide touristique et animateur à Kinawit, lui-même originaire de Rapid Lake, une communauté située dans la réserve faunique La Vérendrye. « En fait, les autochtones urbains demandaient un lieu pour se reconnecter avec les savoirs traditionnels et leur spiritualité », ajoute Roxanne Labbé, coordonnatrice à la programmation à Kinawit.

L’endroit est à la fois un lieu de rassemblement et de présence pour la communauté et les membres du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, mais peu à peu, une vocation touristique s’est greffée à mission. En 2017, Kinawit est ainsi devenue une porte ouverte sur la culture algonquine, un lieu d’échanges et un outil de réconciliation entre allochtones et autochtones. « Ceux qui viennent à Kinawit pour une visite ont souvent le commentaire que, contrairement à d’autres sites, ce qui se vit à Kinawit est authentique. Les activités, les présentations, les visites sont animées par des gens de la communauté qui y ajoutent leur propre chemin de vie et leurs expériences », résume Roxanne Labbé.

Les possibilités sont en quelque sorte sans limites. Atelier de viande sauvage, de paniers tressés, de confection de canots d’écorce, ateliers sur les plantes médicinales, contes et légendes, randonnées en sentiers, fabrication d’objets artisanaux : l’offre a autant de visages que ceux qui ont les talents pour les transmettre.

DES ENSEIGNEMENTS PAR DE VRAIS TÉMOINS

Sur place, Kinawit présente huit sites qui montrent chacun une facette de la culture algonquine. « On y partage la connaissance de la culture, l’histoire, la spiritualité, le mode de vie », mentionne Branden Nodin Ratt. Ayant lui-même profité du savoir de Karl Chevrier, artiste bien connu de la communauté de Timiskaming First Nation, il transmet à son tour ce qu’il a appris sur la confection des canots d’écorce. L’an prochain, il espère pouvoir lancer un atelier pour bâtir un canot, expliquer comment préparer le cèdre, recueillir l’écorce et les racines.

« Nous donnons bien sûr quelques éléments aux guides pour les différentes étapes du circuit : les éléments historiques, la cuisine traditionnelle avec la viande sauvage (shapichouan), le réseau hydrographique présenté comme les autoroutes des premiers peuples, mais les employés offrent surtout ce qu’ils ont à offrir. Ce ne sont pas des textes récités. Roy a vécu les pensionnats, une visite avec lui est teintée de son expérience. Fabienne parle davantage des plantes médicinales. C’est ce qui rend le tout très authentique, puisque les guides sont de véritables membres de la communauté. C’est de l’intégration inversée », explique Roxanne Labbé.

RÉSERVATION NÉCESSAIRE

Les visites libres sur le site prendront fin avec le week-end de la fête du Travail. Par la suite, il faudra effectuer une réservation avant de s’y présenter. Pour la dernière fin de semaine de la saison, différentes activités ont été planifiées. On présentera un atelier d’appeau d’orignal avec Branden Nodin Ratt, une dégustation de viande sauvage avec Mélissa Etapp, un atelier d’artisanat sur écorce avec Fabienne Théorêt-Jerome et une activité de contes et légendes et les enseignements des sept couleurs avec Roy Cheezo.

« J’adore mon travail, ça me permet un retour aux sources. Plusieurs me trouvent bien chanceux d’avoir un tel travail », reconnaît Branden.

Outre le volet touristique, il est également possible de louer certaines salles de Kinawit pour des réunions, des séminaires, des conférences, des formations. Il est possible de greffer un moment de contes et légendes à ce genre de rassemblement.

« On sent qu’on met quelque chose sur pied, que ça peut avoir un impact… Les allochtones voient la richesse du peuple et la démarche montre ce que c’est que la réconciliation. Les gens qui ont connu Kinawit ont vu une autre face de la réalité et de la culture autochtone. Ça enlève les préjugés », conclut Roxanne Labbé.


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.