En clôture du 39eFestival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, le public découvrira en première mondiale le film de Rachelle Roy Danser sous la pluie. Il s’agit d’un documentaire sur la lutte que la réalisatrice a menée contre le cancer du sein dont elle a été victime à 38 ans. C’est un diagnostic coup de poing, en particulier lorsqu’on est jeune, en forme, entrepreneure et maman avec un amoureux.  

 

La première réaction de Rachelle a été celle de bien d’autres : consulter Internet. Pour l’information, bien sûr, mais aussi pour les témoignages, pour savoir comment d’autres jeunes femmes dans sa situation avaient vécu l’expérience. Or, elle n’a rien trouvé qui la satisfaisait sur ce plan. Depuis, certains témoignages sont apparus, comme la démarche de la comédienne Anick Lemay, mais à l’époque de son diagnostic, rien du tout. 

 

C’est ce triste constat qui a convaincu Rachelle de prendre son téléphone et de filmer. Se filmer, filmer son entourage, ses traitementssa vie affectée par la maladie. Pour Rachelle Roy, ce devoir de témoignage est apparu incontournable. En fait, elle tentait de répondre à son propre besoin : je n’ai pas trouvé ce que je cherchais alors je vais combler ce vide «Ce que j’ai cherché, ben je vais le faire!» 

 

À l’annonce de la maladie, Rachelle a vidé son agenda de tout ce qu’il contenait pour l’année et demie suivante. Mais l’entrepreneure en elle ne pouvait pas rester à ne «rien faire». Filmer sa lutte contre le cancer coulait finalement de source. C’était une manière de construire quelque chose avec ça, de donner du sens à la souffrance.  

 

«Au bout d’un moment, j’ai contacté des amis, Dominic Leclerc et Cédric Corbeil, pour avoir leur avisDominic a regardé les images que j’avais tournées et il m’a conseillé de continuer ma démarche avec le téléphone. Celui-ci permettait un niveau d’intimité qu’un caméraman professionnel ne pouvait pas avoir.» Certaines scènes ont toutefois été filmées par Dominic, entre autres le moment où Rachelle s’est rasé la tête. Cédric Corbeil a tourné à l’hôpital lors d’interventions chirurgicales, mais surtout, il a monté avec l’auteure l’entièreté du film. «Un monteur externe était nécessaire. J’étais gênée par certaines scènes, mais Cédric m’a demandé, C’est quoi ton but? Aurais-tu aimé voir ça? Ma réponse était oui alors on les a gardées.»   

 

Le film a été réalisé avec trois fois rien. Une campagne de sociofinancement en 2018 a permis d’amasser 10 000$ pour payer une partie du travail des collaborateurs. Depuis, le projet a essuyé deux refus au Conseil des arts et des lettres du Québec. Rachelle Roy a déposé son projet une troisième fois. Elle espère obtenir un peu d’argent afin de pouvoir payer les gens convenablement. Des gens qui croyaient tellement au projet qu’ils ont embarqué sans aucune garantie. 

 

Ce que Rachelle retient de cette expérience cinématographique est la même chose que dans tout son parcours de combattante : «C’est incroyable l’amour que j’ai reçu. Je n’en reviens pas. Le thème du film n’est pas le cancer, mais l’amour», dit-elle avec le sourire. 


Auteur/trice