Déménager n’est pas facile et plus on doit aller loin, plus le défi augmente. Si c’est vrai pour les déménagements au Québec, les défis se multiplient quand on vient de l’étranger. Si certains migrent par choix, par exemple pour découvrir le monde ou pour étudier, ce n’est pas le lot de tous. Conflits armés, répression politique, persécutions liées à la religion ou à l’orientation sexuelle et catastrophes naturelles sont autant de causes qui forcent des millions de gens à migrer. Bon an, mal an, c’est de 1 à 3% de la population mondiale qui est ainsi forcée à l’exil. 

 

En cas de conflit ou de catastrophe, ça prend de l’argent pour payer les visas, les passeurs, le transport, la nourriture et le logement sur la route. C’est pourquoi la majorité trouve refuge à l’intérieur même de leur pays. Ceux qui le quittent se relocalisent principalement dans les pays voisins, gardant espoir de retourner un jour chez eux. Lorsque c’est impossible, un nouveau pays d’accueil doit être trouvé. De là, entrer au Canada n’est pas facile, malgré la réputation d’accueil du pays.

  

Choisir de migrer, même en temps de paix, n’est pas non plus de tout repos. Quitter famille et amis, vendre ce que l’on possède, négocier à distance un appartement demande confiance et courage. Anne-Sophie Delommez, immigrée il y a un peu plus d’un an pour le travail, en sait quelque chose. Pour le logement, « J’ai eu de la chance que ma propriétaire soit ouverte à ça, elle m’a fait confiance à distance, mais il y a beaucoup de réticence. Sans loyer, on n’a rien ». Ajoutons à cela des critères d’admissibilité toujours plus stricts, la lourdeur, la lenteur et le coût financier des démarches administratives pour obtenir les documents nécessaires et on comprend pourquoi ce n’est pas à la portée de tous. 

 

Arrivés dans le nouveau milieu de vie, une fois logés, meublés et pour les plus chanceux, installés avec un emploi et une garderieles migrants sont confrontés à plusieurs chocs. Chocs culturels, tout d’abord, lorsque la langue, la religion, l’habillement, la nourriture, les lois et les codes de comportement sont différents. L’état de déstabilisation est exacerbé par l’absence de réseau et l’isolement. Le racisme, la fermeture de la société d’accueil et les préjugés sont d’autres d’obstacles freinant une intégration réussie. À ces facteurs s’ajoutent souvent la déception et la désillusion face au rêve qui leur a été présenté.  

 

Selon MmeDelommez«C’est difficile de trouver de l’emploi, il y a une pénurie de main-d’œuvre, c’est vrai, si on travaille dans les mines, si on travaille en agent administratif, ça c’est facile. Mais moi qui ai un métier spécifique en ressources humaines, ben, je me retrouve ici et il n’y a rien ». Cette réalité affecte plus d’un corps d’emploi, dont certains très spécialisés : « Il y en a qui étaient ingénieurs, puis comme la qualification d’ingénieur n’est pas la même qu’ici, ils deviennent techniciens ». La non-reconnaissance des compétences et des diplômes est un sujet récurrent dans l’actualité et amène son lot de frustrations et de choix difficilesSi MmeDelommez a déniché un emploi à la mesure de ses qualifications après un an de recherche, ce n’est cependant pas le cas pour beaucoup de nouveaux arrivants. 

 

Pourtant, l’arrivée de migrants enrichit à plusieurs niveaux la société d’accueil. MmeDelommez, par son travail pour le Centre intégré de santé et de services sociaux de lAbitibi-Témiscamingue (CISSSAT), contribue à réduire la pénurie de personnel dans les hôpitaux de la région. C’est notre qualité de vie à tous qui en bénéficieraS’intégrer et retrouver un équilibre demande du temps. C’est là que nous pouvons faire toute la différence. Il nous revient de trouver comment mieux accueillir et être solidaires de ces nouveaux Québécois qui partagent les mêmes rêves que nous : vivre en paix et en sécurité, et avoir un meilleur avenir pour eux et leurs enfants.  

 

LES MIGRATIONS EN BREF 

 

En 2019, 79,5 millions de personnes ont été déplacées de force à travers le monde1;

 

C’est 1% de la population mondiale. 

 

Parmi elles : 45,7 millions se sont déplacées à l’intérieur de leur pays; 

 

26 millions ont franchi une frontière internationale; 40% sont des enfants. 

 

De ce nombre, le Canada en a accueilli 28 0762. 

 

Si on considère l’ensemble des migrants : 

 

En 2019, 40 567 migrants se sont établis au Québec3;