Une soirée spéciale avait lieu hier, celle de l’ouverture du 39e festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT).  Les mesures sanitaires sont strictes et respectées; la salle est clairsemée, le flânage et le placotage ne sont pas tolérés. Le film est terminé? Vous sortez!

 

Étrange quand on a l’habitude de trainer dans le foyer du Théâtre du cuivre, tassés comme des sardines et au final, très heureux de cette promiscuité. Ce sont des éléments qui nous manquent : cette promiscuité, ce voisinage amical, ces discussions à bâtons rompus sur les films.

 

Mais en ce moment, on est prêt à tout pour retrouver un semblant de normalité et avoir la chance de regarder un film en salle avec d’autres personnes. Vivre l’expérience cinématographique dans son essence même, qui est celle du spectacle collectif, n’a pas de prix. 

 

UN COURT ET UN LONG MÉTRAGE

 

Durant cette soirée pas comme les autres, deux films, un court et un long métrage, étaient présentés.

 

D’abord le court-métrage : Imelda 3 : Simone, de Martin Villeneuve.  Le réalisateur intervient dans son histoire familiale et réconcilie ses deux grand-mères qui ne s’aimaient pas beaucoup.  Le réalisateur interprète Imelda et Simone est incarnée par Ginette Reno.  Cette dernière était présente à la projection et c’était une joie de la voir sur scène, pleine d’énergie et visiblement ravie d’être là.

 

Le club Vinland, le long métrage d’ouverture, est un projet de longue haleine qui s’est étalé sur pratiquement huit ans.  Le film parle de transmission, de passation, mais également de transition.  Situé en 1948, il montre les soubresauts de la société québécoise de l’après-guerre, tiraillée entre les changements sociaux et les résistances du clergé, paniqué par les balbutiements d’affranchissement des Canadiens français de l’époque.

 

C’est ce qui a plu à Benoit Pilon, le réalisateur qui, dès la première lecture du scénario, s’y est investi en continuant le processus d’écriture avec Normand Bergeron et Marc Robitaille.  Ce processus a été relativement long, car « la recherche historique était importante et influençait l’écriture » selon M. Pilon. « L’important était d’incarner convenablement le récit.  J’ai cherché longtemps comment intégrer la grève d’Asbestos, par exemple. » Pour Benoit Pilon, l’essentiel n’était pas nécessairement d’avoir de belles voitures d’époque, mais vraiment de rendre l’esprit de la fin des années 40.

 

Le film est sensible et touchant.  Son intérêt est multiple : la précision de la reconstitution historique est soignée et convaincante, les interprètes justes et la lumière magnifique.  Mais c’est le choix de situer cette histoire de professeur investi et charismatique à cette époque charnière de l’histoire du Québec qui donne encore plus de substance à l’œuvre.

 

Le film devait paraître en avril, mais la sortie en salle est sans cesse retardée. Pour le moment, on vise le 25 décembre. Si tout va bien.


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