Chasse à l’homme de Sophie Létourneau (La Peuplade), c’est le récit de Sophie qui rencontre une cartomancienne qui lui prédit qu’elle rencontrera l’amour grâce à un roman. Mais pour que cela arrive, elle devra d’abord aller vivre quelque temps à Paris et traquer le petit Français.

Ce récit aborde les relations amoureuses d’un point de vue féministe. Sophie Létourneau mentionne que non seulement elle se battra pour les filles, mais elle les outillera pour se prémunir contre la misogynie. « J’en avais marre de l’amour que les garçons se portent à eux-mêmes. De leur absence d’imagination. »

La littérature est un autre thème central de ce récit. Sophie rencontre l’homme de sa vie grâce à ses écrits et, à l’aide de nombreuses citations, rend hommage à plusieurs auteurs et autrices, comme Sophie Calle, qui occupe une place centrale dans le récit. Les deux femmes, liées par leur prénom, sont aussi unies dans leur existence.

Chasse à l’homme est écrit à la première personne du singulier et présente une suite de fragments, qui finissent par former une histoire. L’écriture au « je » permet au lecteur de se plonger plus facilement dans les souvenirs et dans la tête de la narratrice. Écrivant de l’autofiction, Sophie Létourneau décrit son processus de création et sa façon d’aborder son œuvre : « Aucune fin ne conclura jamais l’autofiction puisqu’elle dépasse l’espace clôturé de la fiction. »

Un point fort de Chasse à l’homme est justement cette proximité appréciable qu’on a l’impression d’avoir avec la narratrice et qui rend intéressantes les nombreuses anecdotes qu’elle nous raconte. Les instants plus intimes, touchants, que l’autrice partage avec nous font partie des moments estimables de ce récit. La sensation étrange de lire une sorte d’autobiographie peut se faire ressentir. Cela peut être déstabilisant quand on s’attend plutôt à lire une œuvre faisant davantage de place à la fiction. Les lecteurs moins chevronnés auront peut-être aussi du mal à suivre l’histoire livrée par fragments, qui ne se suivent pas nécessairement tous. Malgré ce point soulevé, Chasse à l’homme vaut la peine d’être lu par un grand nombre de gens, ne serait-ce que pour la réflexion sur la manière de se raconter qu’il inspire.

Finalement, Chasse à l’homme est un récit qui réfléchit sur les relations amoureuses, qui se lit bien et qui nous amène à nous poser des questions. Recherche-t-on l’amour pour les bonnes raisons? Est-ce le moment approprié pour l’amour? Doit-on forcer le destin?

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« Se souvenir des blancs de mémoire » – Ténèbre de Paul Kawczak

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« En mémoire des oubliés » – Le Mammouth de Pierre Samson

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« En quête de l’équilibre » – Tireur embusqué de Jean-Pierre Gorkynian

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« Pèlerinage de l’intime » – Une joie sans remède de Mélissa Grégoire

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