De plus en plus de voix s’élèvent pour que les besoins des femmes soient davantage pris en considération dans nos aménagements urbains. Revendiquer une ville plus inclusive serait ainsi une façon efficace d’améliorer la qualité de vie des personnes marginalisées à l’échelle d’un quartier ou d’une ville. Imaginons ensemble de quoi aurait l’air une ville de l’Abitibi-Témiscamingue qui se doterait d’une politique féministe.

LE SENTIMENT DE SÉCURITÉ

Une des premières actions pour rendre notre ville plus adaptée à la réalité des femmes serait de revoir l’éclairage nocturne. L’expérience de la ville une fois la nuit tombée n’est pas la même, qu’on soit un homme ou une femme. Au Canada, plus de 6 femmes sur 10 ne se sentent pas complètement en sécurité lorsqu’elles se promènent la nuit dans leur voisinage. Même dans les cas où le risque objectif est nul, le sentiment de s’exposer à un risque lorsqu’on se déplace seule la nuit suffit généralement à rendre désagréable l’expérience. Sachant que l’éclairage nocturne est un des facteurs les plus influents sur le sentiment de sécurité, une des premières actions pour rendre notre ville plus agréable pour les femmes serait alors de recenser les lieux où l’éclairage est déficient pour y apporter les changements nécessaires.

LA DÉPENDANCE À L’AUTOMOBILE

Une autre façon de revendiquer une ville plus inclusive pour les femmes est de militer pour la densification. En effet, si on considère l’essence, les assurances et l’entretien, on estime qu’une voiture coûte en moyenne 11 000 $ par année. Conséquemment, aménager nos villes en misant sur l’étalement plutôt que sur la densification, c’est augmenter la dépense à la voiture, ce qui désavantage les ménages plus défavorisés. Sachant que le salaire annuel moyen des femmes de la région est de 36 873 $, on peut se demander si l’aménagement de nouveaux quartiers résidentiels de plus en plus loin des centres est un obstacle à l’atteinte de l’égalité hommes-femmes. Notre ville féministe s’assurera donc d’avoir des quartiers denses et complets afin qu’il soit possible d’y faire la plupart des déplacements à pied ou à vélo.

La nouvelle grille d’analyse de notre ville s’applique même à la façon dont se déroulent les opérations de déneigement. C’est ce qu’a fait la petite ville de Karlskoga en Suède en analysant les habitudes de déplacements de ses habitants. Alors que les hommes utilisent davantage la voiture et empruntent surtout les grands axes, les femmes se déplacent plus souvent à pied et dans les rues secondaires. Elles sont ainsi plus exposées aux risques de chute lorsque les trottoirs sont mal déneigés. La nouvelle politique de déneigement prend en compte cette utilisation différente de la voie publique et s’assure maintenant que le déneigement commence autour des écoles et des garderies et se termine par les grands axes.

La force d’une telle démarche est qu’en visant précisément l’amélioration du bien-être des femmes dans tous les aspects de l’aménagement et l’utilisation du territoire, on améliore directement l’expérience d’autres groupes plus vulnérables tels que les aînés ou les enfants. Depuis la nuit des temps, la ville est construite par et pour les hommes. Il est temps que ça change!


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