Il y a quelques jours, Maxime Pednaud-Jobin, l’actuel maire de Gatineau, pressé de déclarer ses intentions pour la prochaine élection municipale, déclinait définitivement tout retour comme premier magistrat de sa ville. Sa réponse négative et sans ambages m’est apparu joliment tournée, lui qui citait le philosophe Jean-Jacques Rousseau : « les maisons font la ville, ses citoyens, la Cité ».

Ce citoyen à la fois « sujet et souverain » comme l’édifie Rousseau dans son ouvrage Le Contrat social reste encore à trouver selon Maxime Pednaud-Jobin. Il ne le cherchera plus, du moins plus dans l’agora municipale.

En ces temps obscurs de prise de paroles tonitruantes des contribuables envers nos élus, les médias ne manquent pas de mesurer leur impact sur les politiciens. Mais admettons que l’on essaie de ne pas imputer cette démobilisation au pissou virtuel de François Legault, ou au moron, ainsi nommé par Régis Labeaume.

Aurions-nous pour autant les instruments démocratiques pour transformer les lapidaires virtuels en citoyens? Peut-être pas.

C’est du moins l’opinion du journaliste communautaire Roméo Vachon qui voit nos structures municipales comme vétustes. Leur loi constitutive daterait de 1842!

Ce n’est que récemment toutefois que les 1300 municipalités, villes-MRC et communautés urbaines ont récolté tout un pactole : la gouvernance régionale et toute une flopée de compétences à exercer auprès des citoyens. Nommez-les : culture, sport et loisirs, vie communautaire.

Et voilà qu’après avoir obtenu les compétences dont il rêvait depuis longtemps, le milieu municipal doit en faire sous-traiter une grande partie, faute de ressources. Et, pour se faire, les instances municipales ont recours à une autre institution bien commode, la municipalité régionale de comté (MRC).

Est-il besoin de le préciser, les MRC ne sont pas des instances électives pour le poste de préfet, sauf pour quelques-unes d’entre elles, dont le Témiscamingue.

Sans commettre de généralités, puisqu’il y a d’heureuses exceptions, un trop grand nombre de municipalités délestées de leurs responsabilités se cantonnent désormais dans une territorialité motivée par l’idée de protéger l’impôt foncier (« compte de taxes ») du contribuable et de « gratter » les chemins.

Et dans cette posture ultra-territoriale, les élus mandatent leur préfet respectif pour aller en conférence régionale surtout pour défendre les intérêts locaux et personne ne réclame non plus que l’on renouvelle la planification stratégique de l’Abitibi-Témiscamingue dont la plus récente mouture se terminait en 2018.

L’émergence de projets concurrents de zone d’innovation minière à Rouyn-Noranda et Val-d’Or démontre par ailleurs que c’est mal barré pour la concertation régionale. La cohésion de l’Abitibi-Témiscamingue a toujours été le fruit de compromis, mais c’est bien la première fois qu’un gouvernement encourage la compétition entre les territoires d’une même région. 

Puisque la planification régionale n’a plus la cote, osons donc remettre à la société civile le soin de faire lever des projets d’intérêt commun qui transcendent les territoires municipaux et unissent des communautés qui, même si elles ne sont pas des voisines immédiates, voient leur développement du même œil.

Il reste, aux quatre coins de la région, de ces citoyens aux expertises complémentaires prêts à coconstruire la Cité.

Le recours aux organismes citoyens et à la société civile est une formule efficace et capable. Ainsi, le Collectif Territoire dédié à la mise en valeur du lac Osisko à Rouyn-Noranda est en voie de concilier la nature, les arts et l’industrie autour d’un projet commun.

Prenez aussi l’accès au numérique. Sans la société civile qui a mis la main à la pâte, croyez-vous que nous aurions un réseau mobile et de fibres optiques comme celui que déploie actuellement la gestion de l’inforoute régionale (GIRAT)?

Un modèle, une stratégie pour le développement? Transformer l’Abitibi-Témiscamingue en espace de projets d’initiative citoyenne.


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