Le Healing Journey est une expérience de vie que onze personnes de la Première Nation de Long Point (LPFN) ont vécue au printemps dernier. Pour cette première édition, une marche de 5 jours sur 81 km à travers le territoire ancestral (aki) était prévue. Un groupe Facebook permettait aux proches et à la communauté de transmettre des mots d’encouragement et des photos de la journée, ce qui a contribué à créer un énorme sentiment de fierté, un soutien émotionnel et un appui de la communauté. Le but de chaque participant était différent, mais chacun a traversé une gamme d’émotions afin de comprendre, de s’ouvrir ou d’accepter, mais surtout de guérir une blessure personnelle.

Tout au long du parcours, des enseignements et des cérémonies étaient transmis au groupe, mais appelons-les ici des outils. La roue de médecine est utilisée dans le développement personnel, dans la guérison et en santé mentale pour expliquer l’équilibre dans la vie. Pour cet article, j’ai envie de vous parler du projet Healing Journey sous l’angle humain de la roue de médecine : soit le physique, le mental, l’émotionnel et le spirituel.

LE PHYSIQUE ET LE MENTAL

En soi, marcher une quinzaine de kilomètres par jour en plein bois dans la neige est un défi de taille. Sillonner le territoire en raquettes avec un traineau comme compagnon permet de comprendre concrètement l’importance de prendre soin de l’aspect physique de son corps. Pendant la marche, le réflexe du cerveau est de penser à la vitesse grand V tel un écureuil TDAH+! On observe le territoire, on s’observe aussi. On se compare aux autres et de là surgit une cascade de réflexions et d’introspections.

« Les pieds et les jambes nous soutiennent et nous mènent sur le chemin de la guérison. C’est important d’en prendre soin », affirme Nathalie Mathias, l’instigatrice du projet.

L’ÉMOTIONNEL ET LE SPIRITUEL

La charge mentale grandit de plus en plus jusqu’à l’atteinte d’un point de rupture. On fait des liens entre des situations du passé et du présent, on comprend! Les outils viennent compléter la démarche afin de se libérer, de se laisser aller. Certains laissent couler les larmes, d’autres vocalisent, mais chacun doit parlementer avec ses émotions, et ce, dans le respect. Un vent vient balayer le brouillard dans lequel on est et on profite d’un rayon de soleil. On comprend le territoire, on comprend la culture, on se comprend.

Ayant réalisé de telles marches auparavant, Nathalie Mathias avait préparé les participants à l’aventure lors de conférences virtuelles. La préparation consistait à organiser le bagage, mais surtout le mental.

« Lorsque nous marcherons, le chemin ne sera pas toujours facile. Il y aura des obstacles, des montagnes que nous devrons affronter. Si vous êtes capable de traverser ces éléments de la nature, cela va se répercuter dans les obstacles de votre vie », leur a dit Nathalie Mathias.

Tous les jours, sur le groupe Facebook, on voyait les sourires des participants qui avaient grandi, des paysages d’aki magnifiques, un groupe soudé par leur quête, mais surtout une mobilisation sans précédent de la communauté pour lui assurer un voyage sécuritaire et inoubliable. Mon coup de cœur est indéniablement la vidéo montrant l’arrivée dans la communauté.

Pour l’avenir, Nathalie souhaite voir d’autres éditions au cours de différentes saisons. Elle visualise déjà le groupe en train de pagayer sur la rivière Winneway pour être accueilli par la communauté et pour montrer que les Anicinabek occupent encore le territoire.