LE FLEUVE ET SES PEUPLES

Avant de parler de notre aventure, qui n’a rien d’une découverte sans précédent, le respect que nous vouons au territoire et à ses premiers occupants impose la reconnaissance du caractère sacré qui anime Nanikana, la voie principale, la voie sinueuse. Celle qui rallie depuis des millénaires les territoires de nos amis Anicinabek et Cris. Celle qui a été, depuis l’arrivée de nos ancêtres à nous, renommée Harricana et affublée du rang de simple rivière. Car c’est bien d’un fleuve qu’il s’agit, et non le moindre, puisqu’il se jette dans la baie James liée à l’océan Arctique.

En descendant Nanikana, nous aspirons à remonter le cours de l’histoire. Boire à la source des éléments qui font la fierté des peuples qui habitent, occupent et chérissent Anicinabe Aki, Eeyou Istchee, l’Abitibi-Témiscamingue, le Nord-du-Québec. Sentir la puissance de la nature qui nous entoure pour mieux comprendre sa vulnérabilité. Pour mieux agir pour la protéger.

Cet été, du 3 au quelque 25 juillet, avec Gabriel Turgeon, Sébastien Brodeur-Girard et Gilles Gagnon, nous serons quatre Abitibiens à descendre Nanikana.

DE SAINT-MATHIEU-D’HARRICANA À LA BAIE-JAMES : LA PRÉPARATION

500 kilomètres de canot, à quelques méandres près, nous attendent en suivant le fil de la deuxième plus longue voie navigable au pays. Un périple de plus de trois semaines en autonomie complète. Passé feu Joutel, nous dévalerons les lignes de fracture du Bouclier canadien, coupés de toute possibilité de ravitaillement. Des dizaines de rapides nous attendent. Une fois que nous serons rendus à la mer, l’eau douce deviendra inaccessible pour trois jours.

Bien conscients de ce que ce périple implique, nous peaufinons notre préparation depuis des mois. Nous avons la chance de compter dans nos réseaux plusieurs âmes qui nous ont raconté leurs récits de la même aventure. Cartes précises, repas calculés au poids et au volume, équipements fiables, nous sommes prêts.

LA SÉCURITÉ AVANT TOUT

En Gilles, nous avons la chance d’être menés par l’une des rames les plus sûres et agiles de la région. La formation de sauvetage en eau vive donnée par Loisir et Sport Abitibi-Témiscamingue ajoute une bonne dose de précaution. Les redoutables, mais domptables rapides des sept-chaînes de l’Harricana au nord de St-Dominique-du-Rosaire nous ont permis de nous entraîner à l’exercice au long cours qui nous attend. Comme toujours, la précaution sera notre meilleure alliée.

LE RETOUR ET LA SUITE

Notre destination s’appelle Moosonee, voisin de la communauté crie de Moose Factory. C’est dans ce village ontarien, campé à quelques kilomètres en amont de la baie James que le confort du train nous attendra après des millions de coups de rame. Car c’est ainsi que nous bouclerons le trajet, jusqu’à Cochrane d’où nos proches nous raccompagneront au bercail.

En attendant les faits saillants de la descente dans le prochain numéro, la plus belle chose qu’on vous souhaite, c’est de passer vous aussi votre été, rame à la main, à célébrer l’amour du territoire!


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