Kathleen Bouchard enseigne la musique à la Cité étudiante Polyno de La Sarre. Depuis quelques années, elle constate une baisse de la motivation des jeunes. Ils sont de plus en plus nombreux à décrocher de l’école, sans nécessairement la quitter. Et pour Mme Bouchard, il ne fait aucun doute que l’engagement des élèves passe par ce qui touche à leurs passions, comme le sport, le théâtre, la danse et, bien sûr, la musique.

L’enseignante associe à la musique une multitude de bienfaits qui se répercutent dans le vécu tout entier de l’élève. C’est un bagage fondamental qui va au-delà du développement des compétences musicales. Elle parle notamment du développement du cerveau et des méthodes de travail, de l’apprentissage de la patience, de la retenue, de l’écoute, du travail d’équipe, de la discipline, de la gestion des émotions, de l’influence sur l’humeur, de l’estime de soi et de la confiance qui augmente.

Ce qui la touche le plus, c’est l’apprentissage d’un instrument de musique à l’intérieur d’une harmonie. « Quand les élèves arrivent dans le cours de musique en première secondaire, ils choisissent tous un instrument et, individuellement, ils doivent apprendre à le maîtriser. Lorsque cet apprentissage se fait dans un ensemble, une harmonie scolaire, par exemple, d’autres éléments entrent en ligne de compte. Il y a autant de travail d’équipe que dans une équipe de hockey. Même si chaque élève sait jouer de son instrument, il doit choisir de jouer avec le groupe. Ce cours devient un défi. La fierté qui émane au bout de quelques semaines vaut de l’or. Le tout se répercute dans leur façon de jouer. Ils veulent réussir de plus en plus. Cela contribue à leur donner un sentiment de réussite et le sens du travail d’équipe, répercussion directe sur leur sentiment d’accomplissement et d’appartenance à un projet commun qui ne voudrait rien dire si chacun jouait séparément. »

C’est avec passion et conviction que la mélomane parle de l’importance de cette discipline scolaire. Des exemples de réussite, elle en énumère plusieurs puisque des miracles se produisent chaque année.

Mais malgré tous les aspects positifs de la musique, l’enseignante constate que le bateau est en train de couler dans la région, notamment pour les cours liés à l’apprentissage des instruments à vent. Par exemple, à la Polyno, il ne restera que deux périodes de « musique vent » à la rentrée scolaire alors qu’à une époque, il s’agissait d’une tâche à temps plein. La situation est aussi inquiétante ailleurs dans la région. « C’est un cours qui demande des sous pour l’entretien des instruments, le coût des partitions, etc., et beaucoup d’efforts de la part des jeunes. Il faut que l’apprentissage de la musique d’ensemble redevienne le cours important qu’il a déjà été, et ce, pour le bien des élèves. Il faut vanter ses mérites et crier haut et fort que ce cours demande du travail et de l’investissement et des efforts, mais ce qu’il apporte en retour n’a pas de prix dans la formation du cerveau de nos élèves! »


Auteur/trice

Originaire du Témiscamingue, Dominique Roy est enseignante au secondaire depuis 1999. Elle complète actuellement une maîtrise en éducation spécialisée en formation à distance. Sa grande passion : la langue française. Ses passe-temps préférés : lire et écrire. D’ailleurs, elle rédige des articles à la pige pour quelques journaux et magazines depuis plusieurs années en plus de conceptualiser, rédiger et réviser des ressources pédagogiques. Son premier article pour L’Indice bohémien, elle l’a écrit en octobre 2011, et cette collaboration perdure depuis tout ce temps.