L’Abitibi-Témiscamingue est une vaste source d’inspiration pour les artistes. Malgré tout, il est rare de voir pointer des projets de théâtre musical sur le territoire. C’est pourtant ce qui fait l’originalité de la pièce satirique Pionniers, écrite et mise en scène par Étienne Jacques, qui était présentée au Petit théâtre du Vieux-Noranda du 10 au 19 novembre dernier.

La satire, qui se déroule en 2008, est inspirée à l’origine de l’histoire de Ken Massé, qui avait refusé de vendre ses terres à la Mine Canadian Malartic. « Je trouve tellement que c’est une histoire épique : c’est David contre Goliath », explique Étienne Jacques. Cependant, l’auteur de pièce ne souhaitait pas écrire directement sur ces événements. Il envisageait plutôt une pièce qui montrerait ces défis en tant que comédien des événements ayant marqué la région.

Ainsi, la pièce traite d’un groupe de citoyens souhaitant monter un spectacle pour attirer de nouveaux arrivants dans leur petite ville recluse. Ils sont cependant confrontés à des défis tels que l’agrandissement de la mine et la pression du maire pour fermer des commerces jugés non essentiels comme le club vidéo.

Malgré ses revendications sociales, la pièce n’en demeure pas moins empreinte d’humour et d’autodérision. Par ailleurs, elle se termine sur une note d’espoir. « On veut que les gens soient touchés, happés, divertis et qu’ils en sortent avec une sorte de réflexion », explique Étienne Jacques.

« Du théâtre musical, on voit moins ça en Abitibi-Témiscamingue, plus dans les grands centres et, même, les mégapoles comme Toronto ou New York, confie le metteur en scène. L’argent et les profits qu’on extrait vont souvent ailleurs. Nous aussi, on mérite d’avoir des projets de grande envergure. On a un sol immensément riche. »

C’est justement ce qui l’a poussé vers le théâtre musical : « C’est un beau gros défi parce que beaucoup de médias sont rassemblés. » En effet, le mélange de la musique, du chant, du théâtre, de la projection vidéo et de l’art du cirque confère à Pionniers une atmosphère particulière. « C’est fou comment les chansons ont un impact, c’est très apprécié du public », ajoute l’auteur de la pièce.

L’écriture de ces dernières s’est faite par essai-erreur en collaboration avec le compositeur Pete Chamberland, qui a travaillé sur les mélodies pendant un an et demi. Elles demeurent disponibles sur le site des Productions Chien pas de médailles, dans un album publié en mars dernier. Une carte interactive permet de voir les événements ayant inspiré les chansons partout sur le territoire.

Amoureux de la région, le metteur en scène termine sur le même ton d’espérance que la fin de la pièce : « On fait un beau gros projet difficilement faisable ailleurs. C’est dur de rassembler autant de monde pour un projet. Ici, sur le territoire, tout est possible. »


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