La Cale du Navire

Par Marie-Joe Morin, co-propriétaire et conceptrice culinaire de la sandwicherie à Val-d’Or

L’art culinaire étant en constante évolution, la cuisine et ses allures sont sans cesse redéfinies et certaines traditions se perdent dans le temps. La grande salle à manger est sans aucun doute en perte de popularité au détriment du petit bistrot qui se veut plus actuel dans le service et la gastronomie. Il en va de soi que celui-ci est plus branché et dynamique, mais certainement pas aussi intimiste et feutré que le grand restaurant aux allures classiques.

La Cale du navire de Val-d’Or est un endroit bien connu; bien qu’elle soit rarement le premier choix des clients, il semblerait qu’elle sait garder le cap. C’est au fond d’une sombre cave que nous découvrons une petite salle à manger quelque peu défraîchie, aux nappes de couleur vieux rose, mais toutefois très chaleureuse. L’accueil du client est sans doute l’une de leurs plus grandes priorités; la serveuse se fait un devoir de vous saluer et de prendre votre manteau. C’est une fois attablé, au travers des autres clients, que la musique style Rock détente vient quelque peu seconder, voire même renforcir, le style démodé du resto. L’ambiance feutrée et la discrétion du service établissent un respect de votre intimité. Alors tel un classique, vous pouvez calmement prendre l’apéro de votre choix et croyez-moi, du choix, il y en a. Tout en discutant tranquillement, le temps se fige dans la discrétion.

Amateur de fruits de mer? C’est pour vous! Un aquarium où vous pouvez choisir votre homard et un choix étoffé de cuisson, que demander de plus? Une paella, des cuisses de grenouilles, des crevettes papillons, l’assiette du pêcheur; vous êtes comblé. Vous préférez la viande? Encore là, vous ne vous tromperez pas : du filet mignon au steak flambé, à vous de choisir. La tradition de la salle à manger est omniprésente dans tout le menu et ainsi que dans les manières adoptées dans le service.

La sélection du capitaine
Mon choix s’arrête donc à l’entrée de fondu parmesan, tandis que Watson opte pour les escargots et que Ouvrien choisit la salade César. Tel que la coutume le veut, la dame est servie d’abord et le service se fait par la droite; les règles sont respectées. Les entrées n’ont rien de remarquable en présentation, elles sont toutefois très bonnes. Lors du repas principal, je reçois un homard Termidor qui à mon avis est trop gratiné ce qui camoufle la saveur délectable de sa chair. Watson a droit à une magnifique assiette du pêcheur qui est parfaite : aucun poisson n’est pané et la cuisson est excellente. Ouvrien pour sa part se fait offrir un spectacle remarquable avec son steak au poivre flambé. À notre table est amené un chariot avec des brûleurs, la serveuse telle une experte flambe la viande d’Ouvrien avant de la lui servir. Celle-ci est bien tendre, chaude et cuite juste à point. Vive le spectacle et les artifices des salles à manger traditionnelles, ils nous rappellent ce qu’est le véritable service maniéré d’excellence. Puisque nous n’avons pas l’occasion tous les jours d’assister à une telle mise en scène, nous finalisons donc notre souper avec un excellent café flambé.

Vous recherchez le calme, vous désirez prendre votre temps pour manger et vous sentir considéré? La Cale du navire est là pour vous. Toutefois, n’osez pas croire que ce sera une expérience haute en couleur pour la découverte gastronomique. Alors traditionalistes, conservateurs ou encore douillets, allez-y, régalez-vous. La règle veut que ce qui est fait soit bien fait, à cette adresse, elle est appliquée.


Auteur/trice