Les lecteurs de ma chronique de mars dernier seront certainement heureux pour moi, et peut-être même soulagés aussi : me voilà dorénavant branché au câble! J’ai bien essayé de faire fonctionner ma nouvelle 32 pouces à cristaux liquides avec mes antennes, mais le résultat fut désastreux. Il a donc fallu m’y résoudre : après le iPod, le câble, et ses mille canaux disponibles. Me voilà encore moins dinosaure qu’avant. 

Passer de cinq chaînes à deux centaines, ça déstabilise en partant. On comprend plus l’utilité de la zapette. On s’aperçoit qu’il y en a beaucoup, pour tous les goûts. L’amateur d’émissions de décoration est aux anges et celui des productions américaines doublées en français aussi! Pour moi, il y a bien RDI, pour l’information, Historia, parfois (ça reste décevant malgré tout…), RDS, pour les défai…matchs du Canadien, mais sinon, on fait le tour assez vite. On comprend plus l’utilité du bouton on-off. Bah! Le printemps se pointe, la chaleur arrive, les journées allongent. Ça me donnera donc du temps pour lire un peu plus, sur ma terrasse, sous le gazebo, une coupe de rosé à la main, ma fille me criant de venir l’aider à se balancer vite, vite. Aaaaaaah! 

Que lirai-je cet été ? Question simple, réponse complexe. 

Je pourrais terminer enfin cette colossale enquête historique, Les Artisans de la Paix, écrite par Margaret MacMillan et qui porte sur les négociations du Traité de Versailles de 1919. Voyez-vous, je l’ai commencée il y a bien six mois. Elle est installée sur le réservoir de la toilette à l’étage. Vous comprendrez que je la lis par petits bouts, quelques pages à la fois. Heureux encore que je sois régulier.  

J’aime bien aussi relire les livres qui m’ont marqué, ou fait passer de bon moments. Les livres déjà lus sont comme des vieux sous-vêtements : confortables. On lit la tête à l’aise. Je pourrais relire, pour une cinquième fois, Le Tricheur, de Jean-François Lisée, qui raconte, comme dans un roman policier ou d’espionnage, toutes les tractations de l’après-Meech en 1990. Toujours bon pour le souverainiste en moi! Je pense aussi à me replonger dans Les Piliers de la Terre, de Ken Follet, le meilleur roman que j’aie lu. Œuvre monumentale, épopée hors-norme qui se déroule en Angleterre au XIIe siècle. C’est l’histoire passionnante de la construction d’une cathédrale en 1050 pages qui, finalement, me sont revenues roulées et humides quand une amie m’a confié l’avoir lu dans son bain. J’aurais pu être fâché… Mais bon, un livre se déguste, comme du vin, un
livre doit se vivre, avec passion. Il peut donc se lire n’importe où s’il le faut.  

L’été qui arrive serait peut-être l’occasion de lire enfin ces livres qui attendent depuis des mois dans mes étagères. Merci encore, très cher ami Vincent, pour ce Roi de l’Hiver, de Bernard Cornwell, donné à mon anniversaire il y a plus d’un an et demi maintenant. Tu me pardonneras certainement. Le temps m’a manqué. Ah! J’oubliais! Qu’en est-il de  ce 2e tome de la superbe et riche biographie d’Hitler que tu voulais tant lire et que je t’ai prêtée et commentée avec le feu dans les yeux ? La poussière s’accumule dessus Vincent, je l’ai vue l’autre jour. Lâche Civilization ! Oh ! Et avec le deuxième bébé qui arrive bientôt, tu devrais peut-être attendre que le film sorte en salle.

J’ai aussi deux ou trois Agatha Christie à lire aussi. Puis Au nom de la rose d’Umberto Eco. Celui-là, je vous le jure, je l’ai acheté alors que j’avais 17 ou 18 ans. Un bail! Pourquoi tant de temps à attendre ? Il faut croire que le lecteur peut être lent et que les bouquins sont patients. Il y a aussi cet ouvrage superbement illustré, Apocalypse, tiré de la série télévisée et portant sur la Deuxième Guerre mondiale.  

Et avec le Salon du Livre de la fin du mois, ma liste se rallongera sûrement et ma bibliothèque se trouvera de nouveau remplie de bonnes intentions, de lectures à repousser aux calendes grecques (tiens, ça me fait penser que j’ai cette petite plaquette d’à peine une centaine de pages à lire sur Aristote). Gros été donc. C’est que j’ai aussi ma fille à balancer vite, vite, mon entrée arrière à refaire, les chambres des petits à redécorer, la clôture à repeindre, le grand ménage du sous-sol à finir et aussi… 

Je paie mon câble dans le vide, moi ? 


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.