La pluie tombe. Une pluie chaude de fin d’après-midi d’été, la petite pluie suite à l’orage. À l’horizon, un filet de lumière fend les nuages tourmentés. Sa lueur frappe la terre. Un peu comme l’éclair mais de manière plus affirmée, insistante, tendre. Les enfants essaient maintenant de redonner vie au feu malgré l’humidité. Grand-mère leur a dit que « la météo a dit que l’ondée ne durerait pas ». Et puis, elle leur a promis des marshmallows après souper.

 

Quelques grues passent dans le ciel, entre notre terre et son soleil. Un écureuil lâche un cri à faire vibrer l’arc en ciel. Des mouettes fondent sur le champ tout juste coupé. Des corneilles les imitent et quelques cerfs-volants se mettent mollement de la partie. Un quatre roues roule à pine à planche dans le rang. Ça commence à sentir la boucane : le feu se réanime doucement.

 

De mon poste d’observation, de ce lieu qu’est l’imagination, je participe à un spectacle extraordinaire. Les mots sont toutefois bien peu de choses pour l’exprimer mieux vaudrait le vivre…

 

Ailleurs, partout en région ainsi qu’à des milliers d’endroits dans le monde, tous s’affairent autour de la scène. Tests de son réalisés, bois cordé, frigidaires pleins et organisation sur les nerfs. On s’inquiète parce que la pluie pourrait faire annuler la soirée. S’échafaude alors un plan B : on entrera en dedans, on se serrera un peu et on vivra avec. L’important est d’être ensemble au même endroit au même moment. La vie fera le reste.

 

La tension demeure tout de même palpable : quelques bénévoles parlent tout bas du déménagement de tout le matériel à l’intérieur et des failles du fameux B… Puis, tout à coup, à l’arrière de cette grande scène, le soleil perce l’incertitude pour éclairer notre décor. On lâche des soupirs contentés! Tout est prêt et la place se comblera lentement des invités sans qui le spectacle n’est pas. Les grands-parents débarquent avec la marmaille toute excitée. L’ambiance est chaleureuse, les sourires allumés et les accolades sans nombre. Il aurait plu que l’histoire aurait été autre mais il fait beau pour notre vernissage, notre pièce de théâtre ou notre tour de chant ou plein d’autres choses… Il fait beau. Tout le monde est joyeux parce que tout le monde participe à la création.

 

C’est l’histoire inventée d’un soir de juillet ou d’août, d’Abitibi ou du Témiscamingue ou de partout sur notre petite planète. Parce que la vie peut s’inventer, se mettre en scène, se transformer. On doit juste ne plus être spectateurs et agir. Devenir ensemble les vedettes de l’histoire. Faire l’été du mieux que nous pouvons avec l’espace et les moyens que nous avons. Faire ainsi toutes les saisons.

 

Un peu comme des mots ayant chacun leur sens et qui, ensemble, en font bien plus comprendre. Comme des phrases isolées qui vous racontent ce que vous venez de lire, une fois rassemblées.

 

Ça reste encore pourtant bien peu de choses pour l’exprimer. Mieux vaut le vivre…

 

Je nous souhaite de magnifiques saisons! 


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