Certains vivent bien l’arrivée et le développement d’un nouveau projet minier près de chez eux; d’autres, beaucoup moins. En assistant et en participant à la dernière audience publique d’importance en région, la perception du clivage entre les intervenants était palpable. Certaines phrases percutantes nous reviennent à l’esprit comme « Malartic, ma petite ville, a été sacrifiée sur l’hôtel de la Loi sur les mines » ou bien « Il n’existe pas de directives spécifiques à l’exploitation d’une mine à ciel ouvert en milieu urbain » ou encore « la loi du silence est de rigueur ». Comment en sommes-nous arrivés-là ? Chaque contexte et chaque environnement se prêtent-ils bien aux diverses formes d’exploitation du sous-sol ? Par exemple, en s’installant en milieu habité, comment un promoteur, avec l’aide des instances gouvernementales, contribue-t-il à améliorer la cohésion sociale ? Une réelle cohabitation est-elle possible ? Trouver la formule gagnante du premier coup est souvent complexe. Il s’agit d’un apprivoisement continu, où les interactions avec la communauté et les validations auprès des ministères doivent être constantes. De plus, la réglementation en vigueur pour les projets miniers et les procédures de suivi ne sont pas spécifiquement adaptées à tous les contextes et à tous les environnements. Mais alors, comment pourrions-nous les bonifier ? Quels rôles chacun devrait-il jouer ?

 

Tout d’abord, il importe de rappeler qu’un projet minier est un processus long et évolutif dans le temps. Il peut être perçu comme un problème en soi, une situation nouvelle vécue par la population. Alors, à chaque étape du projet, de nouvelles préoccupations peuvent apparaître. Puisque les préoccupations évoluent, le dialogue doit lui aussi être dynamique pour maintenir le contact avec la population et répondre aux diverses questions, sinon l’incertitude s’installe. En prémices, obtenir l’appui de la majorité de la population de la communauté concernée par référendum serait un bon départ à tout projet minier en milieu urbain. En cas de refus, il faudrait questionner la communauté sur les raisons motivant ce refus et sur les manières d’atteindre un projet acceptable pour tous.

 

Du point de vue réglementaire, des exemples inspirants existent à travers le monde. Des états ont déjà révisé l’encadrement réglementaire en vue d’assurer une meilleure cohabitation entre la population et le développement minier ainsi qu’une meilleure qualité de vie. Lorsqu’un projet de mine à ciel ouvert s’installe à proximité d’un milieu habité, des normes peuvent être établies afin d’atténuer les nuisances ressenties par la population (vibrations, bruit, poussières) et des seuils définis pour tenir compte du contexte particulier (distances minimales à respecter). L’Australie et la Malaisie ont, par exemple, imposé une zone tampon d’un kilomètre ou plus selon les modélisations et selon les états. À l’heure où le Québec ouvre la porte aux projets de mine à ciel ouvert de type « fort tonnage et faible teneur », pourquoi ne pas s’inspirer de ces normes et mesures en vue de les transposer à la réglementation québécoise ?

 

Finalement, la surveillance et les suivis environnementaux liés aux activités minières reposent essentiellement sur l’autorégulation réalisée par le promoteur lui-même. Quant à lui, le ministère de l’Environnement vérifie seulement une minorité des autorisations environnementales émises. Lorsque l’on parle de santé des citoyens et de protection de l’environnement, ce constat est inacceptable. Le gouvernement a le choix d’attribuer le budget à chacun de ses ministères. Il a donc la possibilité d’allouer des ressources financières et humaines suffisantes au ministère de l’Environnement afin que celui-ci réalise adéquatement son mandat et qu’il contrevérifie les données fournies par le promoteur.

 

En dépit des compressions budgétaires, le gouvernement ne doit pas oublier qu’il a lui aussi un rôle d’importance à jouer sur la scène de la protection du bien commun, de la santé et de l’environnement. \