Quand on s’installe dans un nouveau pays, on constate rapidement les différences avec son pays d’origine. Les gens ne mangent pas de la même façon, ne s’habillent pas de la même façon, ne draguent pas de la même façon. Bref, tout est différent. Cela s’appelle l’étonnement. On observe. On pose des questions. On se crée un réseau social. On s’imprègne de la musique du pays d’accueil. On découvre ses bardes, son histoire, sa mythologie, sa cuisine. On développe des attaches. On s’acclimate. On finit même par se reproduire. Dans certains cas. Un jour, on se réveille en se disant que ce n’est pas si différent que ça de son pays d’origine. On reconnaît des traits communs aux cultures des deux pays. On se surprend à parler la langue des enfants du pays d’accueil. On se voit dans son voisin. On réalise qu’on n’a même plus la nostalgie de son pays d’origine. Dans certains cas. Cela s’appelle l’intégration.

On est tellement intégré qu’on est complètement pris au dépourvu quand on se fait poser cette question que tous les immigrés ont l’habitude d’entendre sept fois par jour : « D’où viens-tu ? » Que répond-on à pareille question dans pareille situation ? On se sent harassé, observé, épié, étudié. On se sent harcelé dans son intimité. On se remet en question, on désespère d’être un jour considéré comme un enfant du pays. Avec raison. Mais on oublie toujours un petit détail. Un jour, on a débarqué avec une valise. On était étonné de rencontrer des gens qui mangeaient, s’habillaient et draguaient différemment. On a appris à les connaître si bien qu’on en est arrivé à la conclusion qu’ils n’étaient pas si différents de soi. Peut-être que celui qui pose cette intranquille question de l’origine cherche tout simplement à mieux nous connaître. Tout simplement. //


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