Faisant un grand garçon de moi-même, je présumais, dans ma dernière chronique, qu’une charte du développement numérique et connectif s’imposait pour toute société territoriale qui se revendiquait de devenir intelligente, numériquement.

Sous mon gouvernement (tant qu’à y être, allons-y à fond)*, je donnerais plein de responsabilités et de devoirs aux citoyens numériques et responsables que nous devrions être. Mais là, attention! Il n’y a pas qu’aux citoyens que revient la tâche de signer en bas de la feuille.

Sous ma dictature bienveillante (voilà qu’il en remet!)*, les organismes publics, privés et ceux du domaine de la recherche devraient cosigner la charte territoriale du numérique et du connectif protégeant nos droits personnels. Oui, mais, me direz-vous, il y a des lois qui garantissent la protection de nos renseignements personnels!

C’est vrai! Au détour des années 2000, le Québec notamment a senti le besoin d’encadrer l’usage des informations nous concernant (comme votre dossier de santé) dans la constitution de banques de données informatiques.

Le Code civil, la Charte des droits et libertés, des lois, des règlements balisent et rendent aliénables le droit à la réputation et à la vie privée. À moins que vous consentiez à céder vos droits en bas du contrat de n’importe quelle application. À ce sujet, je vous invite à jeter un coup d’œil au document développé par le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides. Très instruisant!

Mais sous la houlette de ma gouverne (c’est pas fini, vous êtes prévenus)*, il faudrait aussi enchâsser dans notre charte régionale une vision du développement numérique qui ne sera pas qu’économique, mais citoyenne aussi.

Oui, mais me direz-vous, n’y a-t-il pas une stratégie numérique québécoise qui édicte même les contours de ce qu’est un territoire intelligent? Je vous l’accorde! Mais entre nous, quelle municipalité de la région a fait part de son plan de transformation numérique à ses citoyens? Ou, minimalement, d’une quelconque action en ce sens? Bien, réjouissons-nous, citoyennes et citoyens! Car, oh surprise, il y en a une qui a mis huit jeux de données numériques sur le site de Données Québec les rendant ainsi publiques : Rouyn-Noranda en décembre 2018. La quasi-absence d’inscriptions municipales sur le site de Données Québec démontre l’abyssale difficulté pour nos institutions à s’investir dans de telles démarches.

Sous ma visionnaire, mais vigilante direction (dernière fois, promis)*, la région se doterait, par sa charte, d’un service de médiation numérique qui aurait pour mandat d’accompagner nos municipalités, institutions et entreprises vers une véritable stratégie de développement en intelligence territoriale connective.

Car, malgré l’urgence d’agir ici, individuellement, nos municipalités n’ont que très peu de moyens pour réaliser la stratégie territoriale et à valeur citoyenne ajoutée, ne serait-ce que celle à laquelle les conviait la Stratégie numérique québécoise de 2017. Et ce n’est pas avec une intention de finir l’implantation d’Internet à haute vitesse sur 10 ans que le gouvernement fédéral accompagnera « comme du monde » notre développement numérique.

Et le premier budget caquiste? Pour le court terme, il a annoncé une contribution de 330 M$ à l’intelligence artificielle, surtout en compétitivité des entreprises. Un peu plus réactif que Justin, Legault annonce 305 M$ en 5 ans pour finir de brancher les régions.

Faisons donc contre mauvaise fortune, bon cœur.

C’est donc sous la gouverne de la Conférence des préfets de l’Abitibi-Témiscamingue (enfin, un peu de réalisme politique!), que devrait se faire cet exercice de démocratie citoyenne qui nous conduira sur les sentiers ensoleillés de chartes territoriales de l’intelligence connective!

On finira bien par « ploguer » tout le monde un jour, profitons du temps que l’on a pour bien faire les choses.

* blague à répétition


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