Ces temps-ci, en fait depuis très longtemps, je nous sens coincés dans un embouteillage monstrueux de prêt-à-jeter, d’informations, d’opinions et de divertissements sans fin. Personnellement, j’ai l’impression d’être gazé, au propre comme au figuré, par un rythme qui n’a, pour moi, rien de naturel… L’essentiel, celui que je choisis, croupit sous des piles de vides. Une pression constante, à laquelle nous nous habituons, brouille la vue des feuilles et couvre le son qu’elles font lorsque le vent les caresse à son gré.

 

Nous pouvons changer ce monde moulé au profit de très très peu de gens. Nous pouvons aussi briser ce rythme imposé à nos esprits qui s’y enferment. Cela devient réalisable, dès que nous nous disons que ça l’est. Alors, ici, comme je demeure libre d’écrire que l’été ne sera pas l’hiver, j’invite à…

Jouer aux touristes dans des endroits reculés, qui n’ont jamais été marchés, pour apprendre notre pays pas à pas. Canoter, du soir au matin, vers les baies inconnues des lacs sans noms. Y plonger au plus profond de nous. De là…

Nous récolterons des idées sauvages. Nous cultiverons la patience dans ces lieux où il ne se passe rien… rien d’autre que la vie. Nous nous amuserons à perdre le temps qui n’arrivera pas à suivre nos instincts. Nous dormirons à la folle étoile, sous des ciels noirs de nuages imprévisibles. Nous défierons les catastrophes en nous serrant dans nos bras.

Nous fêterons d’aplomb au Festival des lendemains d’éveil. Nous ferons de méchantes virées à ceux de la clintonie boréale et de la rosée matinale. Pour terminer, durant toute la nuit, nous nous éclaterons au Festival des lucioles révoltées.

Nous entrerons sans payer pour voir le spectacle du soleil qui se couche, de la nuit qui se lève et de la lune engrossée de lumière. Nous écouterons doucement toutes les musiques vivantes et nous danserons des slows sous les pluies d’été. Nous nous balancerons, avec les pins gris, rouges et blancs, les épinettes noires, les peupliers baumiers et les bouleaux arc-en-ciel…

Boire des aurores boréales avec nos mains. Suivre les traces des cervidés dans nos jardins secrets. Imaginer le meilleur et partir en randonnée.

Avant d’amorcer cette balade, je conseille de se débarrasser de l’opinion des sceptiques, de se délivrer de la prison du Ç’a toujours été comme ça, puis d’échapper à nos habitudes.

Juste pour s’alléger l’été.


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