Disons-le, bien rares sont les gens qui ont les yeux qui brillent quand il est question de milieux humides. Leur conservation est trop souvent considérée comme un frein au développement économique. Pourtant, notre région en regorge. Ils sont partout autour de nous et nous rendent de précieux services. Dénigrer ces milieux, c’est comme se priver d’un grand pan de l’identité territoriale de l’Abitibi-Témiscamingue.

RICHESSE RÉGIONALE

Les milieux humides désignent de nombreux types de milieux naturels, soit les marais, marécages, tourbières, étangs, bandes riveraines de certains lacs et cours d’eau. Ce sont des milieux saturés en eau, ou inondés périodiquement, avec plus ou moins de fluctuations journalières, saisonnières ou annuelles. Selon l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, les milieux humides représentent 24,1 % du territoire régional, répartis très inégalement entre les 5 territoires de MRC de la région. Considérée comme une nuisance par plusieurs, cette abondance fait pourtant des jaloux au sud de la province ou même ailleurs dans le monde. Vestiges de la dernière glaciation, ce sont des écosystèmes complexes qui évoluent lentement. Certains milieux datent de près de 10 000 ans. D’ailleurs, saviez-vous qu’une tourbière pousse d’à peine 1 mm par an?

Plus qu’une simple swamp peu ragoûtante pleine de maringouins, c’est l’habitat essentiel pour de nombreuses espèces animales et végétales, à la base de plusieurs chaînes trophiques essentielles. De plus, les milieux humides nous rendent de multiples services. Ils jouent un rôle indispensable dans l’environnement et dans la régulation de l’eau : ils empêchent les inondations, filtrent les toxines, emmagasinent l’eau de la nappe phréatique et limitent l’érosion. Ainsi, tous les milieux humides contribuent à la santé et à la sécurité de nos collectivités. Ils sont les véritables gardiens de cet or bleu que nous chérissons tant.

MENACES OMNIPRÉSENTES

Dans les dernières années, l’absence de connaissances approfondies sur les milieux humides a stimulé la recherche universitaire pour qu’il y ait davantage d’enquêtes sur les services rendus par ces milieux naturels. Cependant, ces milieux disparaissent à vitesse grand V puisque ce sont des terrains trop souvent convoités pour les ensembles résidentiels. Dans les zones habitées du Canada, jusqu’à 70 % de nos milieux humides ont déjà été détruits ou fragilisés. Notre région n’est pas épargnée par ce phénomène, nous privant de leurs nombreux bienfaits.

Protéger à la fois ces milieux et permettre un développement adéquat des municipalités n’est pas aisé. La Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques devrait faciliter la prise de décision en se basant sur trois grands concepts. Premièrement, la protection selon le principe d’aucune perte nette par unité de bassin versant pour les milieux offrant les plus grands services écosystémiques. Deuxièmement, la compensation de ce qui sera inévitablement détruit. Troisièmement, l’intégration des impacts des changements climatiques dans les futures planifications, car ils risquent d’accentuer la menace.

OPPORTUNITÉS

Dans les régions du sud du Québec, les milieux humides protégés sont bien souvent mis en valeur par l’entremise d’une offre récréotouristique. Des aménagements permettent d’aller s’y promener pour apprécier la biodiversité dont ils regorgent. Ce sont généralement des lieux d’intérêts pour l’observation de la faune aviaire et de l’herpétofaune. Bien étonnant que ces types d’attraits soient très peu nombreux dans la région, considérant l’abondance de milieux humides. La région a tout intérêt à développer son offre récréotouristique en lien avec ses milieux naturels d’exception. D’ailleurs, en contexte pandémique, il semble que les gens aient retrouvé l’envie d’entrer en contact avec la nature à proximité de leur domicile.

Considérant un beau printemps hâtif, pourquoi ne pas en profiter pour aller vous balader dans les milieux humides accessibles à proximité de votre demeure? Un sentiment de sérénité vous enveloppera et vous aurez certainement l’occasion d’observer une faune et une flore riche et surprenante. Bonne découverte!


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